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Confinement et expérience des consultations en ligne

Q : Les consultations en ligne ont-elles la même valeur qu’au cabinet du psychothérapeute ?

R : La crise du coronavirus nous conduit à faire autrement. Comme toutes les pratiques, la psychothérapie et la psychanalyse ont leur manière de fonctionner, qui change peu au fil des années, mais lors d’une crise de société de cette ampleur, les praticiens doivent trouver des solutions pour répondre à la demande de leurs patients qui sont contraints de rester confinés chez eux.

C’est ainsi qu’évoluent les pratiques, tout comme la langue que nous parlons est vivante, même si les Académiciens réclament le respect de règles précises et que les enseignants ne cessent de les répéter à leurs élèves. Les psychanalystes, bien qu’à l’écoute de leurs patients, répondent aussi de leur pratique lors de leurs supervisions ou intervisions, dont le but est non seulement de les aider à réfléchir à ce qu’ils font, mais à leur permettre de fonctionner en s’appuyant sur les expériences des autres collègues, suivant les connaissances issues de nombreux ouvrages et articles qui ont paru dans la littérature scientifique, ce qui induit une cohérence dans leur pratique, qui s’organise autour du respect de certaines règles (notamment de déontologie) et de pratiques qui sont garantes de la stabilité du cadre dans lequel il est possible d’analyser ce qui se passe avec leurs patients.

La crise sanitaire du Covid-19 conduit brusquement à trouver d’autres manières de communiquer. Hier encore il était rare pour ne pas dire impensable dans l’esprit de nombreux psychanalystes de proposer des séances au téléphone, ou par Skype, aujourd’hui c’est quasiment une prescription, puisqu’il est fortement déconseillé, voire dangereux, de rencontrer les patients au cabinet durant la pandémie. C’est l’occasion de questionner nos pratiques et d’amener, au delà de la crise qui conduit au confinement, d’autres manières possibles d’envisager les psychothérapies, avec les avantages et les inconvénients qui en découlent.

Cette expérience est très intéressante aussi du côté des patients, qui réagissent très différemment les uns des autres. Celui-ci décide de suspendre ses rendez-vous jusqu’à la fin du confinement, tel autre ne veut parler qu’au téléphone, et un troisième se sent mal à l’aise avec les silences du téléphone, il réclame une image instantanée sur l’écran de son ordinateur. Du côté des praticiens aussi, différentes réactions apparaissent, selon les réalités de chacun, ses convictions ou ses possibilités. Tel psy n’accepte que l’usage du téléphone, tel autre tient à maintenir les horaires habituels au lieu de les discuter avec un patient dont le confinement amène de nouvelles contraintes sur sa disponibilité, tel autre met à disposition une sorte de ligne téléphonique permanente pour rassurer ses patients dans une période où l’angoisse de la mort rôde dans les foyers… En quelques jours seulement fleurissent plus d’innovations sur la manière de fonctionner que lors des dix dernières années, chacun fait ce qu’il peut, du mieux qu’il peut.

Pourtant un souci central demeure chez le praticien, au delà de l’urgence à laquelle il doit faire face : préserver un cadre dans lequel le processus du travail psychothérapique puisse se poursuivre, chercher autant que possible à offrir à ses patients un espace d’échanges dans lesquels ils puissent se sentir entendus avec une écoute psychanalytique, celle-là seule qui les contacte à des zones inconscientes leur expérience psychique. Car il existe aussi le risque de céder aux exigences de l’urgence et de trahir la relation si particulière qui lie le patient à son psychothérapeute. Cela serait par exemple le cas si le patient découvrait derrière la webcam de son psy la présence des personnes qui appartiennent à la vie privée de son psy, ce qui viendrait immanquablement troubler, peut-être même briser, la liberté de pouvoir tout imaginer au sujet de son thérapeute justement parce qu’il ne sait rien de sa vie personnelle.

L’avenir nous dira ce que ces bouleversements dans les pratiques laisseront, gageons qu’un dialogue enrichissant se poursuivra entre ceux qui défendent la fixité des pratiques et ceux qui mettent l’accent sur les avantages liés aux progrès de la technologie et aux facilités matérielles que cela amène. D’un côté on pourrait se réjouir de ne pas devoir prendre du temps pour se déplacer jusqu’au cabinet de son psychothérapeute, de l’autre on peut se demander quel est le prix à payer d’une tendance à vouloir tout rendre plus efficace, plus rapide ? Le chemin et le café que l’on prend avant sa séance ne fait-il pas déjà partie du travail psychique en jeu dans une psychothérapie ? Et bien sûr, mais cette question mériterait un article pour elle seule, n’y a-t-il pas quelque chose de très particulier, presque magique, en tout extrêmement mobilisateur, qui se passe dans la relation réelle, le contact direct avec son psychothérapeute, un état d’esprit et une disponibilité à penser ce qui se passe en soi-même jamais aussi éveillée que dans les murs familiers du cabinet de psychothérapie, avec toute la sensorialité activée par la proximité physique au thérapeute ? Ce confinement-là, quand on se retrouve à deux chez le psy, n’est-il pas la matrice qui permet de penser autrement ce quotidien où la pensée est parfois mise en faillite ?

Cabinet de psychologie ou un bon livre ?

Q:  A quoi bon consulter un psy alors qu’il existe tant de lectures consacrées au développement personnel en librairie ?

La crise sanitaire de la COVID-19 augmente-t-elle le risque de troubles psychologiques ?

Q : Depuis le début de la pandémie du coronavirus, j’ai l’impression que quelque chose en moi est en train de lâcher, je suis souvent au bord des larmes, j’ai de la peine à me concentrer dans mon travail. Je n’avais pas connu ce genre de problème dans le passé. Dois-je consulter ou attendre que cela passe tout seul ?

Psychothérapeute, psychologue, psychiatre : différences ?

Q: Quelle différence y a-t-il entre psychologue, psychiatre, psychothérapeute ou psychanalyste ?

Violences conjugales

Q : Je me suis séparée d’une personne que mon entourage décrit comme pervers narcissique, mais je supporte mal de ne pas rester en contact avec cet homme dont suis encore amoureuse. Pensez-vous que ce genre de relation peut s’améliorer ? Est-il utile de consulter ?

Confinement et expérience des consultations en ligne

R : La crise du coronavirus nous conduit à faire autrement. Comme toutes les pratiques, la psychothérapie et la psychanalyse ont leur manière de fonctionner, qui change peu au fil des années, mais lors d’une crise de société de cette ampleur, les praticiens doivent trouver des solutions pour répondre à la demande de leurs patients qui sont contraints de rester confinés chez eux.

C’est ainsi qu’évoluent les pratiques, tout comme la langue que nous parlons est vivante, même si les Académiciens réclament le respect de règles précises et que les enseignants ne cessent de les répéter à leurs élèves. Les psychanalystes, bien qu’à l’écoute de leurs patients, répondent aussi de leur pratique lors de leurs supervisions ou intervisions, dont le but est non seulement de les aider à réfléchir à ce qu’ils font, mais à leur permettre de fonctionner en s’appuyant sur les expériences des autres collègues, suivant les connaissances issues de nombreux ouvrages et articles qui ont paru dans la littérature scientifique, ce qui induit une cohérence dans leur pratique, qui s’organise autour du respect de certaines règles (notamment de déontologie) et de pratiques qui sont garantes de la stabilité du cadre dans lequel il est possible d’analyser ce qui se passe avec leurs patients.

La crise sanitaire du Covid-19 conduit brusquement à trouver d’autres manières de communiquer. Hier encore il était rare pour ne pas dire impensable dans l’esprit de nombreux psychanalystes de proposer des séances au téléphone, ou par Skype, aujourd’hui c’est quasiment une prescription, puisqu’il est fortement déconseillé, voire dangereux, de rencontrer les patients au cabinet durant la pandémie. C’est l’occasion de questionner nos pratiques et d’amener, au delà de la crise qui conduit au confinement, d’autres manières possibles d’envisager les psychothérapies, avec les avantages et les inconvénients qui en découlent.

Cette expérience est très intéressante aussi du côté des patients, qui réagissent très différemment les uns des autres. Celui-ci décide de suspendre ses rendez-vous jusqu’à la fin du confinement, tel autre ne veut parler qu’au téléphone, et un troisième se sent mal à l’aise avec les silences du téléphone, il réclame une image instantanée sur l’écran de son ordinateur. Du côté des praticiens aussi, différentes réactions apparaissent, selon les réalités de chacun, ses convictions ou ses possibilités. Tel psy n’accepte que l’usage du téléphone, tel autre tient à maintenir les horaires habituels au lieu de les discuter avec un patient dont le confinement amène de nouvelles contraintes sur sa disponibilité, tel autre met à disposition une sorte de ligne téléphonique permanente pour rassurer ses patients dans une période où l’angoisse de la mort rôde dans les foyers… En quelques jours seulement fleurissent plus d’innovations sur la manière de fonctionner que lors des dix dernières années, chacun fait ce qu’il peut, du mieux qu’il peut.

Pourtant un souci central demeure chez le praticien, au delà de l’urgence à laquelle il doit faire face : préserver un cadre dans lequel le processus du travail psychothérapique puisse se poursuivre, chercher autant que possible à offrir à ses patients un espace d’échanges dans lesquels ils puissent se sentir entendus avec une écoute psychanalytique, celle-là seule qui les contacte à des zones inconscientes leur expérience psychique. Car il existe aussi le risque de céder aux exigences de l’urgence et de trahir la relation si particulière qui lie le patient à son psychothérapeute. Cela serait par exemple le cas si le patient découvrait derrière la webcam de son psy la présence des personnes qui appartiennent à la vie privée de son psy, ce qui viendrait immanquablement troubler, peut-être même briser, la liberté de pouvoir tout imaginer au sujet de son thérapeute justement parce qu’il ne sait rien de sa vie personnelle.

L’avenir nous dira ce que ces bouleversements dans les pratiques laisseront, gageons qu’un dialogue enrichissant se poursuivra entre ceux qui défendent la fixité des pratiques et ceux qui mettent l’accent sur les avantages liés aux progrès de la technologie et aux facilités matérielles que cela amène. D’un côté on pourrait se réjouir de ne pas devoir prendre du temps pour se déplacer jusqu’au cabinet de son psychothérapeute, de l’autre on peut se demander quel est le prix à payer d’une tendance à vouloir tout rendre plus efficace, plus rapide ? Le chemin et le café que l’on prend avant sa séance ne fait-il pas déjà partie du travail psychique en jeu dans une psychothérapie ? Et bien sûr, mais cette question mériterait un article pour elle seule, n’y a-t-il pas quelque chose de très particulier, presque magique, en tout extrêmement mobilisateur, qui se passe dans la relation réelle, le contact direct avec son psychothérapeute, un état d’esprit et une disponibilité à penser ce qui se passe en soi-même jamais aussi éveillée que dans les murs familiers du cabinet de psychothérapie, avec toute la sensorialité activée par la proximité physique au thérapeute ? Ce confinement-là, quand on se retrouve à deux chez le psy, n’est-il pas la matrice qui permet de penser autrement ce quotidien où la pensée est parfois mise en faillite ?