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Est-il normal d’avoir des pensées folles ?

Q : Ne faut-il pas être un peu fou pour consulter un psy ?

R : La santé psychique consiste non seulement à avoir des pensées folles, mais surtout de ne pas à en avoir (trop) peur, car c’est toute une part de notre vie dont il s’agit.

Le monde externe est constitué de notre environnement, nous le percevons par nos sens, mais notre subjectivité est comme un prisme à travers lequel nous le percevons, et cela lui donne une couleur singulière. Ce prisme est formé tout au long de notre histoire personnelle, il comprend la sensibilité de chacun, liée à ce que nous avons vécu. Il s’est développé au travers des relations précoces, des liens de famille, de la manière dont nous avons vécu l’aventure de notre vie, avec ses hauts et ses bas. Ce prisme a aussi cette particularité de nous informer sur nous-même : il informe sur comment nous nous sentons, il donne naissance à des pensées qui accompagnent les expériences quotidiennes.

Ce prisme, serviteur de l’imaginaire, vient colorer la perception que nous avons du monde extérieur, c’est lui qui participe aux rêves nocturnes, mais aussi aux rêveries qui défilent dans nos pensées durant la journée. Parfois il amplifie fortement certaines perceptions. Un exemple : durant la soirée, Monsieur Dupont regarde un film dans lequel est perpétré un meurtre, et cela vient rappeler des impressions pénibles liées à son enfance, quand il faisait des cauchemars chaque fois que l’un de ses parents était absent durant la nuit. Le film prend fin, Monsieur Dupont va se coucher, mais au moment de s’endormir un bruit provoque un sursaut en lui, il est persuadé que quelqu’un est entré dans son appartement pour le tuer… son cœur pulse très fort, il est pris d’une inhabituelle angoisse… Il finit cependant par réaliser que c’est son chat qui a bousculé une petite statuette en bois, un bruit comme il en survient régulièrement chez lui. Il a eu une pensée folle à cet instant. Son cerveau a sur-interprété un bruit auquel il ne prête habituellement pas attention. Ce soir-là, et peut-être aussi parce que la journée a été difficile pour lui , peut-être à cause d’une dispute avec un collègue de travail, ce petit bruit a créé en lui des pensées folles, sans rapport avec la réalité, et sa réaction émotionnelle autant que son imagination se sont follement emballées.

La psychopathologie pourrait être comprise comme le fait d’avoir exagérément peur de certaines pensées qui peuvent survenir sans motif réel, comme si quelque chose d’effrayant allait se réaliser de manière imminente, poussant à devoir former des barrages. Ces barrages donnent lieu à un grand nombre d’inventions du psychisme qui cherche à se protéger contre les pensées folles qui menacent de surgir, provoquant des réactions émotionnelles disproportionnées. Le psychisme se protège alors par ces barrages que l’on nomme les mécanismes de défense, qui limitent ou déforment la perception de la réalité dans le but de contenir une angoisse intolérable.

Si ces mécanismes de défenses sont utiles pour ne par exemple pas passer toute notre vie la gorge nouée par l’idée de notre mort, sachant que cela peut arriver à tout moment, d’un autre côté ces défenses sont parfois si massives qu’elles provoquent une mutilation et un appauvrissement de la vie psychique. C’est alors comme si le prisme devenait opaque, et qu’une sorte d’aveuglement venait limiter la conscience que l’on peut avoir de soi et du monde qui nous entoure. Cet aveuglement est accompagné de toutes sortes de troubles qui apparaissent dans la pensée, le caractère, le corps ou encore dans les relations : ce sont les symptômes, le signe que quelque chose ne fonctionne pas normalement dans le réglage du prisme chargé de traiter les informations qui s’approchent de notre conscience. Le travail psychothérapique consiste alors à traiter ces dérèglements pour redonner à la vie psychique sa vigueur, sa créativité, ses qualités expressives qui nous permettent d’être celui ou celle que nous sommes.

Psychanalyse ou thérapie brève ?

Q : Je suis intéressé par la psychanalyse mais je ne souhaite pas passer des années sur un divan, qui dois-je choisir de consulter ?

Thérapies cognitivo-comportementales ou psychanalyse ?

Q: Quelle est la différence entre les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) et les psychothérapies inspirées de la psychanalyse.

Adolescent en crise, confiance des parents

Q: Notre fils a 14 ans et nos relations deviennent difficiles, il refuse de nous parler et s’isole avec son téléphone. Une amie m’a conseillé d’utiliser un logiciel espion pour suivre ses conversations car son enfant avait de mauvaises fréquentations au même âge.

Psychologue et foi religieuse, quel psy choisir ?

Q : Je suis pratiquante et je voudrais rencontrer un psychologue qui partage ma foi religieuse, mais une amie m’a dit que cela n’était pas nécessaire. Qu’en pensez-vous ?

Santé mentale : guérisseur ou psy ?

Q : Je souffre d’anxiété depuis la perte d’un proche, mais après avoir refusé la médication que me proposait mon médecin, je suis partagée entre l’idée de consulter un psy ou de contacter une guérisseuse qui m’a été recommandée par une amie. Selon quels critères puis-je faire le choix qui me conviendrait au mieux ?

R : Les personnes qui passent du guérisseur au psy ou du psy au guérisseur ne sont pas rares, et l’on peut débattre des bienfaits et des limites de chacune de ces approches. Les questions les plus discutées concernent généralement l’efficacité et la durée des traitements.

Il me semble intéressant de ne pas se contenter d’opposer des approches si différentes, mais de comprendre ce que l’une et l’autre peuvent amener à la compréhension et à l’apaisement d’une souffrance psychique.

Fondamentalement, ce qui les oppose est la reconnaissance scientifique liée à la formation des psychothérapeutes, médecins ou psychologues, spécialisés dans le domaine de la santé mentale, soumis à une déontologie très stricte. Par contre les guérisseurs, formés ou autodidactes, utilisent des méthodes qui reposent sur des dons supposés, en s’inspirant généralement de pratiques spirituelles diverses, parfois en lien avec toute une tradition culturelle, mais dont l’efficacité semble davantage tenir à l’adhésion de ce qui relève d’une pensée magique, alors que les techniques psychothérapiques reposent sur des travaux scientifiques. Il est intéressant de noter que des hôpitaux recourent parfois à des guérisseurs, car leur pratique amène dans certains cas des résultats plus probants ou plus rapides que des méthodes traditionnelles, médicamenteuses ou relationnelles. D’autre part, des approches comme l’hypnose, mais d’une manière générale toute démarche auprès d’un psychothérapeute, sont chargées d’attentes magiques En effet, plus la souffrance est aiguë et plus les attentes d’un geste salvateur sont élevées. Il est très vraisemblable que la force de conviction ou de croyance d’un patient soit l’un des éléments décisifs dans les chances de succès d’un processus de guérison, bien que d’autres facteurs sont évidemment impliqués. Il est indéniable par exemple qu’un trouble du comportement nécessite un traitement psychothérapique spécifique, souvent long, alors qu’une mauvaise estime de soi peut être soulagée par l’intervention d’un guérisseur convaincant, engagé et suffisamment créatif. Demeure la question de savoir si l’amélioration se maintiendra ou pas, et cela dépend de la structure de personnalité de chacun.

Pour simplifier les choses, on peut considérer que l’action du guérisseur consiste à équilibrer ce que l’on pourrait décrire comme le système énergétique d’une personne, tandis que celle du psychothérapeute vise à modifier la perception et la compréhension que le patient se fait de sa souffrance psychique ; si l’action du premier semble s’adresser à l’âme de la personne, celle du second à son mode de pensée et d’agir. Quant à l’approche technique, ce n’est pas tout blanc ou tout noir, car on peut remarquer que les techniques psychothérapiques mettent en jeu certains rituels et tout un système énergétique dans la relation interpersonnelle, alors que le guérisseur s’appuie souvent, de manière empirique, sur des connaissances générales qu’il a pu acquérir de la psychologie.

La qualité de la relation humaine est cependant un facteur majeur dans le processus de soins, ce qui ne veut pas dire qu’il faille se montrer gentil pour que les symptômes diminuent, mais il n’en demeure pas moins qu’une relation de confiance joue un rôle majeur.

Ce dernier point est très important, car autant chez les psy que les guérisseurs de tous horizons, des traits de personnalité particuliers ressortent régulièrement : l’empathie, de l’écoute, la disponibilité, la clarté dans la manière de communiquer les choses, une capacité de reconnaître ses propres limites sont autant de qualités qui permettent de qualifier ce qui peut apparaître comme une bonne alliance de travail. Certains patients privilégieront un psychothérapeute en raison de son attitude plus prudente concernant le traitement qu’il propose, ne proposant pas monts et merveilles, tandis que d’autres auront tendance à accorder leur confiance aux guérisseurs, car ceux-là accordent parfois une confiance qui peut paraître sans limite à leurs pouvoirs de guérison, et cela rassure. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit moins des effets liés à la technique utilisées qu’à la qualité de la relation. Je pense que c’est une condition nécessaire à un succès thérapeutique, mais cela ne suffit pas pour autant.

Certains guérisseurs proposent de nettoyer ou rééquilibrer les énergies dans le corps, de faire des désenvoûtements, d’agir sur les relations, de supprimer des traumatismes parfois liés à des générations. Certaines pratiques de cultures différentes, comme la médecine chinoise, font autorité par une pratique qui remonte à 2500 ans. Mais dans nombre de démarches thérapeutiques se nichent des promesses dont il est parfois difficile de savoir comment elles peuvent être tenues, même si elles séduisent en donnant l’espoir de voir le bout d’un tunnel de souffrance. A l’inverse, les approches scientifiques sont généralement prudentes, humbles, mettant en avant des processus de changements plus ou moins longs. Sans entrer dans une polémiques sur ce qui est mis en jeu dans l’une et l’autre des ces approches, chacun est libre de s’exposer à des traitements si différents et d’en juger par soi-même des bienfaits. Toute relation d’aide, surtout par l’accompagnement d’une personne sensible et convaincante, est source d’espoir, et contribue à ce que l’on se sente moins démuni et désespéré face à une maladie, ce qui contribue à un apaisement de la souffrance et à une amélioration des conditions d’existence.