Diagnostic borderline : en guérit-on ?
Q : J’ai souvent des accès de colère dans mes relations proches, ensuite je m’en veux beaucoup mais cela se répète continuellement. On m’a diagnostiqué borderline. Pourrai-je en guérir ?
R : De nombreuses personnes souffrent comme vous, peu ou prou, de ces excès d’humeur qui se traduisent parfois par des attitudes ou des comportements qui portent préjudice aux bonnes relations. Le diagnostic de trouble de personnalité borderline n’explique pas grand-chose sur ce qui vous arrive, mais il décrit le sentiment de bascule que vous pouvez pressentir entre deux bords au milieu desquels vous cherchez un équilibre : d’une part une sensibilité dépressive qui peut vous apparaître comme un ravin dans lequel vous redoutez de tomber, de l’autre des comportements qui créent des tensions, chez vous et dans vos relations, sur un mode souvent négatif, et qui peut entraîner votre entourage dans votre souffrance. Cela donne lieu à des conflits qui n’auraient pas lieu d’être, mais c’est comme si vous deviez absolument éviter de souffrir seul.
En effet, sur cette limite que signifie le terme «borderline», on observe une fluctuation continuelle entre le sentiment que nos problèmes proviennent des autres, raison pour laquelle on peut se montrer provocant ou agressif, tout en gardant conscience qu’ils surgisent du fond de soi, au travers des mouvements d’humeur négative, d’humeur instable, de culpabilité et de honte (liée aux conflits que l’on ne peut s’empêcher de répéter avec l’entourage). L’estime de soi est fortement malmenée, puisqu’elle alterne souvent entre un sentiment de dépréciation de soi et des idées ou des postures de toute-puissance : d’un côté je me sens désespéré, de l’autre je me convaincs que je n’ai besoin de personne et que je suis capable de m’en sortir tout seul. Ainsi il est difficile de maintenir une relation stable et de rester à l’écoute autant de ce qui se passe au dedans de soi que dans les échanges avec les autres, car il demeure une sorte de confusion sur cette zone limite, une grande instabilité où tout paraît constamment pouvoir basculer dans le vide. Cette angoisse pousse à des actions souvent peu utiles pour tenter de se rassurer, au prix fort puisque ce sont les relations aux autres et la vie émotionnelle qui en sont affectées. Ce trouble est une grande souffrance qui laisse peu de répit, car une énergie considérable est gaspillée dans des relations où l’on a tendance à détruire systématiquement tout ce que l’on essaie par ailleurs de construire. Les émotions sont très instables.
Le diagnostic de trouble de personnalité borderline décrit donc ce piège dans lequel la personne s’enferme malgré toute sa bonne volonté. Il s’agit cependant de trouver l’origine de ce déséquilibre dans les circonstances de l’histoire particulièrer de chacun, principalement dans les événements significatifs de l’enfance. Ces schémas dont les patients se plaignent de ne pas pouvoir s’empêcher de les répéter sont pourtant la meilleure manière qu’ils aient inventée pour s’adapter à des situations compliquées de leur enfance. Des négligences subies, des conflits parentaux, des violences, de la dépressivité parentale, des deuils compliqués, auront pour conséquence de booster certains traits de personnalité chez un enfant. Pour exemple, on pourrait imaginer un chef d’orchestre qui permettrait aux trombonnes de jouer si fort que les autres registres instrumentaux seraient étouffés, ce qui rendrait l’exécution de la pièce musicale inaudible. Un enfant qui ne grandit pas dans un environnement suffisamment stable et rassurant prendra sur lui une part des conflits que ses parents n’ont pas réglés pour eux-mêmes. Lorsqu’il sera indépendant, il aura tendance à répéter dans ses relations personnelles des patterns relationnels qui rappellent ce qui est resté en souffrance dans son enfance.
Ce n’est souvent qu’avec l’aide d’un psychanalyste qu’une telle souffrance peut être mise à jour, libérant progressivement le patient des mécanismes inconscients qui se répètent depuis des années. Cette répétition peut être comprise comme un message de l’inconscient qui force à remettre en scène dans son quotidien des vécus très compliqués ou traumatiques du passé, la souffrance d’un passé parfois oublié, toujours mal digéré.
Peut-on guérir de ces difficultés ? Pas tout à fait, dans le sens où il ne s’agit pas d’un virus qui nous aurait infecté et dont on pourrait se débarrasser. Car il s’agit de ce qui constitue aussi notre personnalité. C’est pourquoi il n’y a pas de traitement médicamenteux spécifique qui traite les troubles borderline et que les thérapies comportementales, si elles peuvent aider, ont des résultats assez limités, étant donné qu’elles cherchent à favoriser une meilleure adaptation aux conditions de vie actuelles sans prendre en compte le besoin fondamental de la personne souffrante d’être entendue à l’endroit où elle a pu se sentir profondément blessée et incomprise dans son histoire personnelle. La psychothérapie psychanalytique a l’avantage de prendre conjointement en compte les problèmes actuels et l’histoire infantile, qui est le «centre sismique» des conflits qui resurgissent continuellement. Pouvant revivre en séance sa souffrance, se sentir entendu et pouvoir progressivement mieux s’entendre avec soi-même – ce qui peut prendre des mois, parfois des années, le patient apprend à devenir plus pleinement lui-même, apaisé, plus libre dans les relations aux autres, au lieu de se vivre comme un acteur de théâtre qui devrait jouer dans une pièce qu’il n’a pas choisie, qui n’est pas la sienne.
Si guérir serait de se découvrir et mieux s’entendre avec soi-même, se sentir exister comme une personne à part entière, alors oui, on pourrait parler d’un chemin de guérison.
Q : Qu’est-ce qui distingue l’approche d’un sexologue ou d’un psychanalyste ? Je m’entends bien au quotidien avec mon mari mais notre sexualité fonctionne au ralenti.
Q : Depuis le début de la pandémie du COVID, j’ai de plus en plus de conflits et de tensions avec mes amis, et même au sein de ma famille, ce qui provoque chez moi une anxiété croissante, ainsi que des problèmes de sommeil. Je n’ai jamais consulté de psy, je ne pense pas avoir de problème psychologique particulier. Est-il utile que je vous rencontre ?
Q : Depuis le début de la pandémie du coronavirus, j’ai l’impression que quelque chose en moi est en train de lâcher, je suis souvent au bord des larmes, j’ai de la peine à me concentrer dans mon travail. Je n’avais pas connu ce genre de problème dans le passé. Dois-je consulter ou attendre que cela passe tout seul ?
R : De nombreuses personnes souffrent comme vous, peu ou prou, de ces excès d’humeur qui se traduisent parfois par des attitudes ou des comportements qui portent préjudice aux bonnes relations. Le diagnostic de trouble de personnalité borderline n’explique pas grand-chose sur ce qui vous arrive, mais il décrit le sentiment de bascule que vous pouvez pressentir entre deux bords au milieu desquels vous cherchez un équilibre : d’une part une sensibilité dépressive qui peut vous apparaître comme un ravin dans lequel vous redoutez de tomber, de l’autre des comportements qui créent des tensions, chez vous et dans vos relations, sur un mode souvent négatif, et qui peut entraîner votre entourage dans votre souffrance. Cela donne lieu à des conflits qui n’auraient pas lieu d’être, mais c’est comme si vous deviez absolument éviter de souffrir seul.
En effet, sur cette limite que signifie le terme «borderline», on observe une fluctuation continuelle entre le sentiment que nos problèmes proviennent des autres, raison pour laquelle on peut se montrer provocant ou agressif, tout en gardant conscience qu’ils surgisent du fond de soi, au travers des mouvements d’humeur négative, d’humeur instable, de culpabilité et de honte (liée aux conflits que l’on ne peut s’empêcher de répéter avec l’entourage). L’estime de soi est fortement malmenée, puisqu’elle alterne souvent entre un sentiment de dépréciation de soi et des idées ou des postures de toute-puissance : d’un côté je me sens désespéré, de l’autre je me convaincs que je n’ai besoin de personne et que je suis capable de m’en sortir tout seul. Ainsi il est difficile de maintenir une relation stable et de rester à l’écoute autant de ce qui se passe au dedans de soi que dans les échanges avec les autres, car il demeure une sorte de confusion sur cette zone limite, une grande instabilité où tout paraît constamment pouvoir basculer dans le vide. Cette angoisse pousse à des actions souvent peu utiles pour tenter de se rassurer, au prix fort puisque ce sont les relations aux autres et la vie émotionnelle qui en sont affectées. Ce trouble est une grande souffrance qui laisse peu de répit, car une énergie considérable est gaspillée dans des relations où l’on a tendance à détruire systématiquement tout ce que l’on essaie par ailleurs de construire. Les émotions sont très instables.
Le diagnostic de trouble de personnalité borderline décrit donc ce piège dans lequel la personne s’enferme malgré toute sa bonne volonté. Il s’agit cependant de trouver l’origine de ce déséquilibre dans les circonstances de l’histoire particulièrer de chacun, principalement dans les événements significatifs de l’enfance. Ces schémas dont les patients se plaignent de ne pas pouvoir s’empêcher de les répéter sont pourtant la meilleure manière qu’ils aient inventée pour s’adapter à des situations compliquées de leur enfance. Des négligences subies, des conflits parentaux, des violences, de la dépressivité parentale, des deuils compliqués, auront pour conséquence de booster certains traits de personnalité chez un enfant. Pour exemple, on pourrait imaginer un chef d’orchestre qui permettrait aux trombonnes de jouer si fort que les autres registres instrumentaux seraient étouffés, ce qui rendrait l’exécution de la pièce musicale inaudible. Un enfant qui ne grandit pas dans un environnement suffisamment stable et rassurant prendra sur lui une part des conflits que ses parents n’ont pas réglés pour eux-mêmes. Lorsqu’il sera indépendant, il aura tendance à répéter dans ses relations personnelles des patterns relationnels qui rappellent ce qui est resté en souffrance dans son enfance.
Ce n’est souvent qu’avec l’aide d’un psychanalyste qu’une telle souffrance peut être mise à jour, libérant progressivement le patient des mécanismes inconscients qui se répètent depuis des années. Cette répétition peut être comprise comme un message de l’inconscient qui force à remettre en scène dans son quotidien des vécus très compliqués ou traumatiques du passé, la souffrance d’un passé parfois oublié, toujours mal digéré.
Peut-on guérir de ces difficultés ? Pas tout à fait, dans le sens où il ne s’agit pas d’un virus qui nous aurait infecté et dont on pourrait se débarrasser. Car il s’agit de ce qui constitue aussi notre personnalité. C’est pourquoi il n’y a pas de traitement médicamenteux spécifique qui traite les troubles borderline et que les thérapies comportementales, si elles peuvent aider, ont des résultats assez limités, étant donné qu’elles cherchent à favoriser une meilleure adaptation aux conditions de vie actuelles sans prendre en compte le besoin fondamental de la personne souffrante d’être entendue à l’endroit où elle a pu se sentir profondément blessée et incomprise dans son histoire personnelle. La psychothérapie psychanalytique a l’avantage de prendre conjointement en compte les problèmes actuels et l’histoire infantile, qui est le «centre sismique» des conflits qui resurgissent continuellement. Pouvant revivre en séance sa souffrance, se sentir entendu et pouvoir progressivement mieux s’entendre avec soi-même – ce qui peut prendre des mois, parfois des années, le patient apprend à devenir plus pleinement lui-même, apaisé, plus libre dans les relations aux autres, au lieu de se vivre comme un acteur de théâtre qui devrait jouer dans une pièce qu’il n’a pas choisie, qui n’est pas la sienne.
Si guérir serait de se découvrir et mieux s’entendre avec soi-même, se sentir exister comme une personne à part entière, alors oui, on pourrait parler d’un chemin de guérison.
Q : Je me suis séparée d’une personne que mon entourage décrit comme pervers narcissique, mais je supporte mal de ne pas rester en contact avec cet homme dont suis encore amoureuse. Pensez-vous que ce genre de relation peut s’améliorer ? Est-il utile de consulter ?